Gérer son temps
En harmonie dans ma foulée, bien centrée dans mon corps sur un respiration
régulière intervient mon intellect : là le trip fantasmagorique commence,
c'est l'imaginaire par le biais de visualisations diverses qui va me conduire au
bout de ces interminables kilomètres.
Le trip commence...
J'entre en communion avec moi-même, au rythme de ma cadence... Je cours
d'abord avec mon corps et ensuite avec ma tête, j'entre dans mes pensées... Je
voyage dans mon ressenti : passé, présent, avenir... Je me mets en situation
d'états émotionnels qui m'aident à trouver en moi les ressources pour
dépasser la notion corps-espaces-temps ! Parfois, la fatigue me ramène à la
réalité et la course devient plus dure... Il faut alors que je me concentre
pour me recentrer intérieurement et repartir à nouveau dans ce trip
intellectuel ! Je ressens une sensation de puissance et de contrôle sur
moi-même ! C'est bon...
Les montées géniales
Pour moi, les côtes sont l'opportunité de dépasser les autres, j'y suis
déjà conditionnée par mes entraînements aux Buttes-Chaumont, aussi les
montées me permettent de développer à la puissance de mes cuisses,
l'amplitude de ma foulée et d'accélérer ! Comme c'est bon de sentir sa force,
d'avoir ce sentiment de contrôle ! Comme dans la vie quotidienne... Tout
contrôler ! Les descentes... permettent certes de récupérer car je me laisse
emporter, me relâcher car la route est longue... Toutefois je conserve en
descente une foulée maîtrisée ! Le voyage continue...
Le trip continue... mais début des 15 derniers Kms... Au secours !!!
Là, début de la réelle douleur physique, c'est la lutte entre le corps et
le mental qui veulent s'arrêter ! Cependant, une petite voix intérieure nous
rappelle à notre défi et c'est bientôt la fin du parcours ! S'arrêter ???
Mais très peu sinon je ne pourrai repartir ! Je vais craquer...
C'est le combat intérieur. Qui va gagner ?
Ravitaillement ??? Si je m'arrête vais-je pouvoir repartir et il me faut des
forces et hop ! au passage, un peu d'eau un étirement du dos sans s'attarder de
peur de ne pouvoir repartir. Je n'arrive plus à me recentrer sur moi-même car
chaque foulée devient une douleur qui résonne dans tout le corps ! Je ne peux
que me demander comment font les autres pour continuer ? Là me vient à
l'esprit qu'ils soufrent autant sinon parfois plus que moi et ils poursuivent
cependant aussi, tout est là ! Faire comme eux, continuer, s'adapter à la
situation car si les autres ont développé cette capacité alors je le peux
aussi ! Je continue, c'est clair je n'abandonnerais pas si proche du but, même
si ma cadence s'est ralentie ! Je vais atteindre la ligne d'arrivée !
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